Roger Hanin raconte et se raconte. Comme il parle : d'une écriture murmurée, traversée d'éclats et de chatoiements. Enfance, adolescence, âge adulte : dans L'Ours en lambeaux il y a tout ce qui tisse la vie d'un homme, tout ce qui la fabrique et lui donne cette physionomie singulière que l'on appelle un destin. La basse Kasbah d'Alger des années 30-40, ses personnages typés, ses couleurs, ses odeurs, les jeux dans la rue, l'école, la pauvreté, les petits malheurs au quotidien... Mais aussi Paris d'après la Libération, sa faune, les ivresses de la liberté, sa jeunesse rêveuse, le milieu du théâtre et du cinéma...

Ni récit d'une vie, ni autobiographie, ni Mémoires, L'Ours en lambeaux est en réalité un livre de la mémoire, où Roger Hanin révèle sans complaisance, mais avec tendresse et pudeur, ce qui l'a fait tel qu'il est aujourd'hui.

Roger Hanin est né le 20 octobre 1925 à Alger. Fils d'employé des P.T.T., et quatrième enfant d'une famille nombreuse, il entreprend des études primaires dans le quartier chaud de la Basse Casbah, avant d'entamer des études secondaires et supérieures. Droit, puis pharmacie qu'il interrompt pour embrasser le métier d'acteur. Très vite, il joue les rôles titres du répertoire, Othello, Macbeth, Tartuffe, Le Bourgeois Gentilhomme, Le Pain dur, Le Roi se meurt. En attendant Godot... frottant ainsi sa curiosité intellectuelle à celle des grands dramaturges : Shakespeare, Molière, Ionesco, Beckett, Claudel, Pirandello... Il écrit aussi pour le théâtre, sa " vraie patrie ". Trois pièces naissent : " Le Pitre ", " Virgule ", " Argent mon bel amour ". Ensuite le cinéma le propulse sur le devant de l'actualité, ce sont Le Coup de Sirocco, Le Grand Pardon, Rocco et ses frères, La Rumba, Train d'enfer, pour ne citer que ces titres parmi les innombrables films qui jalonnent sa carrière.

Mais sa vraie passion reste l'écriture. En 1989, il publie chez Grasset Le Voyage d'Arsène.